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[ABA] Miami Floridians: 1968-1972

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Montage Une : Luca Cerutti pour Basket Rétro

Si le HEAT est indissociable de Miami, il ne faut jamais oublier que ce n’est pas la première franchise de basketball à s’être installée à Miami. Et quand vous lirez l’histoire des Floridians de Miami, vous n’oublierez plus jamais cette franchise…unique.

A JAMAIS LES PREMIERS

L’histoire de la première franchise de Miami commença au Minnesota !? En effet, elle est le fruit du déménagement des Huskies de Minnesota, franchise au sein de l’ABA, le 24 mai 1968. Faute de succès populaire, les propriétaires des Huskies décident de vendre la franchise à un groupe de propriétaires dont notamment L.P. Shields & Fred Jefferson. Direction, Miami et le soleil de Floride, est bienvenu au Miami Floridians !

Le 26 octobre 1968, les Miami Floridians disputèrent leur premier match face aux New York Nets (102-112) à la Long Island Arena. Ils ont attendu le 6 novembre 1968 pour enfin jouer leur premier match à domicile et s’imposer de belle manière face aux Buccaneers de la Nouvelle-Orléans (123 – 109), dans la salle du Miami Beach Convention Hall.

La salle parlons-en justement et pour être pointilleux il faudrait dire les salles et mêmes les villes car les Miami Floridians étaient une franchise itinérante ! En effet, ils ont non seulement joué dans de diverses salles mais de surcroît dans différentes villes. Le projet initial était d’être une franchise régionale bien plus que basée uniquement à Miami. Ils ont donc joué à Tampa Bay, Jacksonville et Miami donc.

La première saison en Floride se déroula plutôt bien sous les ordres de Jim Pollard, et ils terminèrent avec un 43-35 et une qualification en playoff où ils s’inclinèrent en demie-finale face à l’équipe des Pacers (1-4) en ayant préalablement éliminé les champions en titre les Minnesota Pipers. En effet, clin d’œil de l’histoire, ils ont battu l’équipe qui résida dans leur ancienne location.

69, ANNÉE EXOTIQUE

La saison 69-70 fut beaucoup plus mouvementée et rocambolesque et devint le terreau de la légendaire franchise. Tout d’abord, en matière de front office, celui des Miami Floridians n’était pas le meilleur exemple en terme de communication et de rigueur. Pas moins de huit propriétaires détenaient des parts de la franchise et chacun la gérait comme il le voulait. De telle sorte qu’il n’était pas rare que des décisions soient prises sans en informer les autres poussant le vice jusqu’à prendre des décisions le General Manager. Cette gestion entraîna quelques situations cocasses comme transférer un joueur (Art Heyman) sans que le GM ou le coach soient au courant ! On peut aisément imaginer la tête du coach découvrir qu’un de ses joueurs a été remplacé par un autre.

Quant aux salles, là aussi la franchise savait garder le cap de l’originalité jouant dans un gymnase d’un collège ou un hangar d’avion ! Le fantastique et accueillant Diner Key Auditorium, cette salle était particulièrement adaptée pour jouer en basket, a fortiori en Floride puisqu’elle était dépourvue de climatisation… Mais la franchise avait trouvé la solution en laissant les portes du hangar grandes ouvertes, de telles sortes que le vent s’engouffrait dans la salle occasionnant de terrible courant d’air qui devinrent un élément à prendre en considération dans la gestion du tir.

Durant cette saison 69-70 catastrophique avec un délicat record de 23 victoires pour 61 défaites, il était de notoriété publique que les joueurs adverses profitaient du séjour pour se détendre sur la plage l’après-midi du match tant la victoire était quasi-assurée. C’était aussi une méthode pour éviter de passer trop de temps dans les salles dont certaines étaient infestées de cafards à tel point que les joueurs adverses se changeaient dans leur hôtel. En revanche, il était essentiel de rester à la mi-temps dans le vestiaire. Les murs étaient si fins qu’il était possible d’écouter les conversations du vestiaire adverse et donc celui des Miami Floridians.

Mack Calvin un des joueurs emblématiques de la franchise. ©remembertheaba.com

Au cours de cette pénible saison, le coach Jim Pollard est licencié pour être remplacé par Harold Blitman. De quoi conclure la saison 69-70 ? Bien sûr que non.  Les résultats étaient si catastrophiques que certains investisseurs ont commencé à lâcher la franchise, laissant la place et leurs parts à un propriétaire James Edwin Doyle, un magnat de la publicité qui devint majoritaire durant l’été 1970.

Son plan de bataille pour relancer la franchise est simple, tout d’abord abandon du terme Miami et place aux Floridians ! De même, fini d’être une franchise itinérante, désormais les matchs se déroulèrent à Miami (au Miami Beach Convention Hall) à l’exception de 10 matchs à Jacksonville et 5 autres à Tampa Bay. Le but était aussi de faire en sorte que les joueurs n’aient plus la sensation de jouer systématiquement à l’extérieur et de créer un cocon.

Sur le plan sportif, Doyle frappa fort, et frappa de manière originale. Virer le coach ? Non trop banal pour les Floridians, place à l’originalité. Le coach Blitman et le General Manager Dennis Murphy se voient fixer l’objectif de un an pour renouer avec la victoire. Alors que faire ? Virer TOUS les joueurs. Pour la première et unique fois dans l’ABA et la NBA, tout un effectif est recyclé par le biais de trades ou de contrats non-renouvelés mais tous les joueurs sont priés de faire leurs valises. La saison 1970-1971 se termina sur un bilan de 37 victoires et 47 défaites et ils parviennent à se qualifier en playoffs. Certes pour se faire éliminer au premier tour par les Kentucky Colonels (2-4).

1971-1972, le bilan est à peu près similaire (36-48), avec un petit tour en playoff sur une élimination sèche 0-4 face à Virginia.

Les résultats sportifs et surtout une absence d’adhésion du public avec des salles quasi-vides ont fait que l’avenir de la franchise devenait sombre. Les Floridians n’ont jamais été populaire, en guise d’exemple, les deux derniers matchs en playoffs réunirent uniquement et respectivement 2 965 et 3 126 fans.

Le 7 avril 1969, les Floridians optèrent pour drafter Al Cueto, le premier joueur cubain de la ligue, dont l’origine joua, la communauté cubaine étant très nombreuse en Floride, sans toutefois nier le talent du joueur. Un article de Basket Rétro, lui a d’ailleurs été consacré. 

UN COMBAT PERDU MAIS AVEC FIÈRE ALLURE

Jamais la franchise ne fut rentable, jamais le public fut au rendez-vous, et pourtant la franchise a tout donné, fit des efforts d’ingéniosié. Tout d’abord, le prix des places étaient bradés, il n’était pas rare de trouver des places à 3$ pour se retrouver au tout premier rang.

En outre, le service promotionnel organisa des tonnes de soirées événements pour attirer la foule comme la Ladies Night qui offrait, par exemple, des collants gratuits à toutes les femmes de l’assistance mesurant une certaine taille. Ou bien alors la Irish Night, où un un fan pouvait gagner 25 kilos de pommes de terre ou des dindes vivantes pour Thanksgiving. Bières, hot dogs, sandwichs gratuits, la franchise avait tout fait pour attirer un public sans jamais parvenir à atteindre son but. 

Pour la St Patrick, en guise de clin d’œil ils, décident de mettre un O’ devant les noms des joueurs le temps d’une soirée. Ou bien de faire des tickets combiné. Le principe, un billet pour voir les Miami Floridians en échange vous gagniez un ticket pour voir un match de boxe. D’ailleurs quand les Dolphins (NFL) de Miami jouaient, il était impossible d’attirer du public, et même des journalistes ! Un soir lorsque les deux équipes, Dolphins et Miami Floridians, jouèrent le même soir à la même heure, les propriétaires constatèrent qu’aucun journalistes n’étaient présent et que la salle était désespérément vide avec à peine 500 personnes. Pourtant, officiellement, le match s’est joué avec plus de 2 000 personnes (la moyenne était de 1 600 habituellement). En effet, sachant qu’aucun journaliste ne pouvait contredire les faits, il fut décidé de mentir sur les chiffres. La mascarade ne tomba que de nombreuses années plus tard par l’aveu des organisateurs.

Malgré une débauche d’ingéniosité, de prix bradés, et de cadeaux à gogo, les salles restèrent vides et l’engouement jamais présent.

Même l’arme ultime qui symbolisa la franchise ne réussit pas à rassembler la foule… 

THE MIAMI FLORIDIANS BALLGIRLS 

Impossible d’évoquer les Floridians sans parler des Miami Floridians BallGirls qui furent et représentent encore une icône de la défunte franchise. L’idée était pourtant très simple. Pour attirer du monde, mettons des femmes sexys en bikini. Elles étaient cinq au début, toutes recrutées lors d’un concours de bikini dont deux jumelles. Elles étaient plus connues que les joueurs de l’équipe et parfois même elles les suivaient lors des déplacements.

Les 4 fantastiques censées sauver la franchise.

Elles étaient de toutes les animations pour ne pas dire qu’elles étaient l’animation. Avant le match, elles posaient avec les spectateurs, elles se tenaient derrière les arbitres, ramasser les ballons, se promenaient dans les travées de la salle, montaient sur les genoux de certains hommes. De l’aveu même des propriétaires de l’époque, elles portaient des bikinis, et des bikinis très courts.

Les sœurs Me & Too

Ces femmes marquèrent l’histoire du basket américain. Elles furent en effet les premières cheelearders dans une ligue de basket américain et de l’aveu de Jerry Buss, elles furent à l’origine de la création des Lakers Girls, une des premières troupes de cheerleading dans le basket. Iconiques, elles eurent le droit à un clin d’oeil dans le film de Will Ferrell Semi-Pro où les cheeleaders ont des costumes inspirées de celles des Miami Floridians ballgirls.

Image tirée de la promo du film Semi-Pro.

UNE FIN COMME AUCUNE AUTRE

Dès l’été, le propriétaire Doyle commença à chercher une nouvelle ville pour déménager sa franchise. Les trois cibles prioritaires étaient San Diego, Omaha, Albuquerque mais malgré les voyages du propriétaire, aucune solution ne fut trouvé, et pour cause, le bilan sportif et financier n’avait rien de très attirant. Doyle avait perdu à peu près 54 millions de dollars en quatre ans (somme colossale pour l’époque). Jusqu’au bout, faire des économies devint un leitmotiv pour la franchise. Sur la dernière saison, la climatisation était souvent éteinte pendant les matchs pour économiser un peu, un comble en Floride. Autre anecdote, Rudy Martkze, le dernier responsable des relations presse, a quelques jours de la vente se voit convoquer par le General Manager et lui demande: « S’il peut nettoyer son bureau ».

  • Je suis viré ?
  • Non, non. J’ai vendu ton bureau au mec à l’étage du dessous. J’ai besoin que tu le vides… D’ailleurs, tu pourrais pas le descendre avec moi ? »

Impensable ? Voilà un adjectif qui n’a pas sa place dans cette franchise. Pour conclure l’histoire, Rudy Martkze a bel et bien descendu son bureau. Sympa Rudy. 

Le couperet finalement, le 13 juin 1972. La franchise fut démantelée et les joueurs répartis dans les autres franchises de la ligue. De reste, il ne subsistait quasi rien. Le propriétaire avait tout vendu en espérant maintenir le plus longtemps possible la franchise, il restait à peine 5 machines à écrire, quelques produits promotionnels, et quasi aucune fournitures ou même meubles. 

Lors de la fin de la franchise beaucoup d’articles pointèrent l’absence d’adhésion du public malgré une quantité de soirées et cadeaux offerts au public, et pour Jerry Green (journaliste à l’époque au Detroit News) une seule question hantait tout le monde. 

« What became all the ball girls ? » 

UNE RÉSURECTION

Pour un match en 2004 (la version extérieure) et surtout pour 6 matchs en 2012, le Heat de Miami qui n’a techniquement aucun lien avec la défunte franchise, hormis un lien géographique, décida d’organiser des soirées hommages dans lesquelles les joueurs ont porté des répliques des maillots des Floridians. Les spécialistes remarqueront que le Heat a ajouté le mot « MIAMI » sur le maillot. 

Lebron James sur un air des Bee Gees ©BleacherReport

Fantasque, unique, fun, les adjectifs heureux et joyeux sont multiples pour cette franchise qui fut un échec au niveau de l’implantation et décevante sportivement bien qu’il soit difficile d’apporter un réel jugement sur une si courte durée. En tout cas, elle a réussi une chose, s’inscrire dans l’histoire et résister à l’usure du soleil, une gageure en Floride !

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