[Portrait] Bob Dandridge, la légende oubliée…
Portrait
Bob Dandridge est une légende injustement méconnue, les raisons ? Objectivement aucune si ce n’est qu’il a toujours plus ou moins tenu le rôle de lieutenant. Plongeons ensemble dans la carrière de Dandridge, elle mérite le respect, l’admiration et…le Hall Of Fame!
L’histoire de Danridge avec le basket commence a Richmond en Virginie. Avec ses bonnes prestations au lycée, il se voit ouvrir les portes des Spartans de Norfolk. Il y fera équipe avec un certain Pee Wee Kirkland ( légende des playgrounds qui choisira la rue et la drogue plutôt que les parquets). La petite fac évolue en division 2 bien loin des prestigieux programmes que sont UCLA, Florida ou Boston College. Par contre, dans leur division, les Spartans sont les meilleurs et Dandridge y est pour beaucoup. Il faut dire que le filiforme ailier a considérablement progressé, passant de 3,2 pts/2 rebs à 32,3 pts/17 rebs lors de sa quatrième et dernière année universitaire. Si ses stats sont flamboyantes, le peu d’exposition de la petite université n’incite pas à l’optimisme quand à une future carrière professionnelle. Personne n’a vraiment envie de miser sur cet ailier très fin certes dominant mais dans le contexte d’une fac de seconde zone.
Finalement, les Bucks vont tenter le pari Dandridge lors de la draft 69. Déjà grands gagnants de la loterie en tirant le premier choix pour avoir le droit de sélectionner Lew Alcindor (futur Kareem Abdul-Jabbar), Milwaukee peut se permettre un choix «exotique» au 2ème tour avec leur 45ème place. Ils sont bien loin d’imaginer qu’ils détiennent une perle.
Son 1er match, il le gagne face à Detroit 119-110 en apportant déjà 14 pts. Grâce aux deux rookies, les Bucks finissent à la 2ème place de la conférence Est avec un bilan de 56v et 26d. La saison se terminera en finale de conférence face aux Knicks, futur champion. Dandridge a tenu son rôle sans trembler face à l’armada des Knicks ( Reed, Frazier, Bradley…).
Sa seconde saison sera celle de la confirmation. Le garçon a la confiance du coach Costello et ne tarde pas à se montrer. Le 27 octobre 1970, il signe 39 pts à 14/22, 8 rebs, 5 ass et une victoire face aux San Diego Rockets d’Elvin Hayes (34 pts,21 rebs à 15/41!). En fait, sa saison sera de toute beauté (18,4 pts, 8 rebs, 3,5 ass à 50,9% de réussite). L’arrivée d’Oscar Robertson en lieu et place de Flynn Robinson n’y est pas étrangère. Dandridge, comme tout le groupe, bénéficie du savoir faire d’un Big O vieillissant certes, mais toujours capable de rayonner sur un parquet.
Avec leur bilan de 66v-16d, les hommes de Costello visent le titre. Cette campagne de playoffs 71′ sera un véritable raz de marrée. Autour d’un big three (Jabbar, Robertson, Dandridge), les Bucks vont rouler sur toute la ligue. Ce sont d’abord les warriors qui passent à la caisse enregistreuse (4-1) et un Dandridge à 19,8 pts. Viennent ensuite les Lakers de Wilt Chamberlain, pour la même sanction 4 à 1 (17,8 pts, 9,8 rebs, 3,8 ass). Voilà les Bucks en finale face aux Bullets de Baltimore.
Encore une fois, le club du Wisconsin écrase la concurrence et sweepent les pauvres Bullets. Karrem Abdul-Jabbar est phénoménal avec ses 27 pts et 18,5 rebs de moyenne mais l’homme à tout faire, véritable ciment des Bucks est bel et bien Bob Dandridge (20,3 pts, 9,8 rebs, 3,5 ass et une défense suffocante!).
Alors qu’en 69′ personne ne voulait de lui, le voilà champion nba en ayant au moins autant d’importance collective qu’Oscar Robertson. Il est désormais considéré comme un ailier qui compte dans la ligue quoique régulièrement snobé pour le All star game. Pourtant ses qualités sont nombreuses…capable de scorer comme un franchise player, il possède une excellente vision du jeu, une présence incroyable aux rebonds et surtout une qualité d’aide défensive de tous les instants.
«En défense, j’essaye de faire croire à l’attaquant que je regarde autre part. Il se relâche et c’est à ce moment que j’en profite pour intercepter». Oscar Robertson indique après le titre: « Ses mains sont l’un de ses plus grands atouts. Il possède un grand sens de l’anticipation, bouge très bien pour se démarquer et quand il a la balle, il peut shooter de n’importe où.»
Devenu le parfait lieutenant de Jabbar, ils vont, ensemble, retourner en finales en 1974 pour y affronter les Celtics. Après avoir détruit les équipes adverses (4-1 Lakers, 4-0 Bulls), cette fois ils tombent sur un os. Il faudra attendre le game 7 finalement sans suspens (102-87) pour voir les Celtics venir à bout de valeureux Bucks. Bob a eu beaucoup de mal face à la défense harassante de John Havlicek. D’ailleurs ce dernier sera nommé MVP des finals (26,4 pts, 7,7 rebs, 4,7 ass). On ne reverra plus Dandridge en finales sous le maillot des Bucks mais il s’est déjà hissé parmi les légendes du club. Hormis sa saison rookie, Dandridge avec Milwaukee, c’est 7 saisons à plus de 18 pts et 6 rebs avec des pointes à 21,5 pts et 8,2 rebs. Malgré le titre et son omniprésence des deux côtés du parquet, il ne sera convié que 3 fois au All star game. Il faut dire que Bob est un homme discret doublé d’une mentalité de coéquipier modèle ce qui ne le propulse pas parmi les stars de la ligue.
Arrivée en fin de contrat à Milwaukee, Bob décide de rejoindre un club ambitieux, les washington Bullets. Lorsqu’il signe Bernie Bickerstaff, assistant coach des Bullets entre 73 et 85 déclare: «Cela fait quelques années que nous essayions de l’avoir, c’est le type de gars qui va solidifier notre base et qui va nous emmener à un autre niveau». Déjà très costaud à l’intérieur avec Unseld et Elvin Hayes, les Bullets sont déséquilibrés. Dandridge doit être celui qui ramènera l’équilibre dans la galaxie Bullets. Il est d’ailleurs très vite mis dans le bain par son nouveau coéquipier, Unseld.
«Dès le training camp, je me suis tordu la cheville, Wes est passé devant moi et m’a dit: Oh, tu es censé être le sauveur et t’es déjà blessé! ». Dandridge a compris le message: «Ces gars là sont ici pour gagner un titre».
Il ne tardera pas à marquer son territoire avec 19,3 pts, 5,9 rebs, 4,1 ass. Son niveau défensif est toujours impressionnant. D’ailleurs Jerry West ne tarit pas d’éloge à son sujet: « il peut aider tous ses coéquipiers, switcher sur tous les postes, peut vous piéger dans n’importe quelles situations et provoquer un nombre considérable d’erreurs ». Sacré compliment pour l’un des plus grands pyromane de l’histoire.
Dandridge est comme un poisson dans l’eau à Washington, nantis d’un nouveau rôle, celui de leader. «Washington étais ce que je considérais comme mon équipe…je suis celui sur qui tu vas compter pour gagner». Mais, cette saison régulière 77/78 ne se passe pas comme prévu puisqu’ils terminent l’exercice avec un bilan moyen de 44v et 38d. Loin d’être favoris, ils attaquent les playoffs plus déterminé que jamais. Après avoir vaincu facilement les Hawks 2 victoires à 0, ils doivent affronter les Spurs de Gervin et Larry Kenon. Dandridge monte en pression (20,4 pts, 5,8 rebs). Chaque match est disputé mais c’est bien Washington qui l’emporte 4 à 2. La route est encore bien longue pour retrouver les finales. En effet, il faut vaincre les vice-champions en titre, les Philadelphia Sixers. Dandridge, encore une fois, sera déterminant dans cette série. En défense, il alterne entre Julius Erving, Doug Collins et World b Free, ce qui avouons-le est…mission impossible. Mais Bob est un homme de défi et il va réussir à faire déjouer les extérieurs des Sixers. Les 3 scoreurs voient leurs pourcentages baisser de manière vertigineuse. Dandridge ne se contente pas de défendre, en attaque il est au top avec 22,8 pts à 50,8% de réussite. Dans le game 3, ô combien important, il sort le grand jeu (30 pts, 7 ass à 70%!). Au passage, Dr J se fait manger avec un vilain 4/14 ( et World b Free à 3/15). Les Bullets remportent la série 4 à 2.
Ce sera donc une finale surprise entre Washington et les Sonics de Seattle. Elle sera très disputé. Dandridge, en difficulté au game 1, ne tarde pas à se mettre en route en plantant 34 pts et 8 rebs lors du game 2. Hormis le game 6 où les Bullets se baladeront, tous les autres matchs se joueront sur les toutes dernières possessions. Le trio Unseld (MVP), Hayes et Dandridge (MVP officieux) viennent à bout des Sonics en 7 manches.
Bob a réussit son pari de gagner 2 titres dans 2 franchises différentes. Il retournera d’ailleurs une autre fois en finale la saison suivante, de nouveau face aux Sonics, après avoir eliminer les Spurs au game 7. Ce match sera l’un des matchs les plus accomplis de Dandridge 37 pts, 9 rebs, 5 ass et le game winner. En finale, cette fois, les Sonics sont trop fort et remportent le titre 4 à 1 (a prix de matchs serrés). Bobby sera encore une fois au rendez vous en apportant ses 21,8 pts, 8 rebs 5 ass.
Trop souvent blessé lors des saisons suivantes, il raccroche ses sneakers en 1982 sous le maillot des Bucks pour une dernière danse de 11 matchs. Le temps du bilan est venu!
Du frêle jeune homme de Norfolk university à la gloire du titre nba, Dandridge a tutoyé les sommets. 4 finales disputées, 2 titres dans la poche, l’un avec les Bucks, l’autre avec Washington en y étant déterminant. Au delà de son rôle de facilitateur, son professionnalisme fut toujours mis en avant par ses coéquipiers. Au fil des années, Danridge a vu ses illustres partenaires récompensés par une sélection au Hall of fame. Oscar Robertson, Unseld, Hayes puis Karrem Abdul-Jabbar, normal me direz-vous, oui, évidemment. Mais le serviteur de ces messiers, le gars qui défendait le meilleur attaquant adverse, celui qui mit certains paniers décisifs qui offrit gloire et récompenses aux autres, le ciment du collectif, lui, attend toujours d’être récompensé et rejoindre le hall of fame. Pour bien se représenter la production statistique de Danridge, il faut se rappeler qu’il a scoré 15530 pts, gobé 5715 rebonds, donné 2846 passes décisives en 839 matchs. Pour mettre en perspective, James Worthy, Hall of famer indiscutable, a compilé 16320 pts, 4708 rebs et 2791 ass en jouant…87 matchs de plus. Autre exemple, Jamaal Wilkes, autre hall of famer compile 14644 pts, 5117 rebs et 2050 ass pour un nombre de matchs global quasi similaire. Bref, tout cela pour dire qu’il n’y a absolument aucune raison objective à sa non-sélection ni en ce qui concerne les bagues ni pour son côté statistique.
Personne n’a marqué plus de points en finale durant les années 70 que Bob Dandridge. Oui, oui, devant les Kareem, Hondo, Hayes et les autres Hall of famer. Ne t’en fais pas Bob, les dieux du basket te réservent une place au panthéon, tu l’as bien mérité.
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