Souvenirs Olympiques – Les JO de Pascal Legendre
Avec six J.O au compteur dont un en « spectateur », le créateur de Maxi-Basket, Basketnews, et Basket Hebdo a été un témoin privilégié du Basket olympique. Dites-moi Pascal, vous avez dû en voir des choses « là-bas » ?
Pascal vous avez suivi en tant que journaliste de presse écrite de nombreuses Olympiades ? De laquelle vous avez gardé le meilleur souvenir
Difficile de choisir tant les Jeux Olympiques sont une compétition extraordinaire, incomparable. Même avec une coupe du monde de foot. Mais j’ai sans doute une petite préférence pour Séoul 88. C’était mes premiers jeux avec une accréditation, et en plus une accréditation multi-sports, ce qui ne sera pas le cas par la suite. Je n’ai rien vu de la Corée du Sud et si peu de Séoul. Je me suis juste permis une après-midi de balade dans les rues de la ville, mais je me suis gavé de sport. Dès que je pouvais, j’allais voir d’autres épreuves, de la natation, de la boxe, de l’athlé surtout. J’étais aussi fan d’athlétisme que de basket. Voir une finale la finale du 100 mètres avec Ben Johnson et Carl Lewis… C’était énorme. En plus Séoul c’était encore des Jeux à « l’ancienne », avant que l’argent et le marketing n’emporte tout. Il y avait encore l’URSS, la RDA, la Yougoslavie… Puis voir les Soviétiques avec ses Lituaniens battre les USA, Sabonis dominer Robinson…

1988, Pascal Legendre à Séoul.
Vous dites que Séoul a été vos premiers jeux accrédités. Pourquoi, il y a eu des précédents sans le pass presse ?
Oui, Los Angeles en 84. J’étais là comme un spectateur lambda. Mais, je n’ai pas vu un match de l’équipe de France, pas pu rencontrer les joueurs ou le staff. J’ai juste discuté un peu avec Monclar et Greg Beugnot dans l’avion de retour. J’ai fait tous mes papiers à mon retour en France. Mais en même temps, c’étaient mes premiers JO, mon premier voyage aux Etats-Unis… Donc un super souvenir, même si les conditions de travail n’étaient pas idéales.

Ben Johnson et Carl Lewis à Seoul. Les JO, ce n’est pas que du basket.
Le pire souvenir ?
Si c’est difficile d’en ressortir un dans le positif, c’est aussi compliqué dans l’autre sens. Quand on est aux JO, on est forcément heureux d’être là, il ne peux pas y avoir de pire souvenir. J’avoue pourtant qu’à Atlanta en 96, j’ai été un peu déçu. L’ambiance était… disons beaucoup plus commerciale. C’était parfaitement organisé, comme les Américains savent faire, mais l’omniprésence des sponsors, l’aspect commerciale… Par rapport à Séoul, il y avait un truc qui avait disparu. Et curieusement côté basket, on avait l’impression que les média US se désintéressaient des JO. Ils accordaient beaucoup plus d’importance à la création de la WNBA. L’attentat aussi ! La bombe dans la fan zone. Même si ça a plus inquieté mais proches que ça m’a traumatisé moi. Ça c’est pour l’ambiance générale. Après il y a des incidents plus ou moins agréables, personnels ou professionnels.
Du genre ?
A Sydney. On m’avait volé mes bagages. J’ai dû faire les JO avec deux pantalons, 3 t-shirts et un ordi querty. C’est impossible d’écrire avec un clavier querty. Impossible. J’ai donc écrit mes papiers à la main avant de les téléphoner, tout ça avec un T-shirt France Télévison sur le dos, généreux cadeau des confrères de la télé. Mais ça, ça fait sourire aujourd’hui. Par contre pour ce qui est du basket, j’en garde un sentiment mitigé. Il fallait suivre les garçons et les filles, pas évident. Et pas question de négliger les filles, car au départ la chance de médaille, elle était beaucoup plus pronostiquée chez les filles. Les gars ont eu la médaille d’argent. Mais avec quel concours de circonstances ? On n’a pas battu d’équipes européennes. (Défaite 57/67 contre l’Italie et 61/83 contre la Lituanie au premier tour). On aurait dû jouer les Yougoslaves en quart. Mais ceux-ci ont laissé filer la première place de leur groupe face au Canada. D’ailleurs, à ce propos, Alain Weisz m’a raconté qu’à la mi-temps du match Canada-Yougoslavie, les Yougos menaient, (42-33), pourtant Obradovic les a engueulés, pourri… Ils sont revenus liquéfiés sur le parquet. Résultat ils ont perdu, (75-83). Et en quart, le Canada c’était quand même plus prenable que la Yougoslavie. Puis à Sydney, les rapports avec les Bleus étaient étranges, très distants. Autant les filles étaient disponibles, accessibles, avec les garçons c’était le strict minimum. La conférence de presse avec le coach et un joueur et rien d’autre. Ce qui était drôle par exemple, c’est que pendant la phase de poule, j’avais l’impression d’être le seul journaliste français à m’intéresser au basket, puis après le quart, la demie… c’était la cohue. Sur le plan basket, Sydney a apporté la preuve par Weis, si besoin en était, qu’on ne peut rien faire à très haut niveau sans un pivot de grande taille.
C’est vrai que malheureusement, beaucoup trop de gens n’ont retenu de Fred Weis que la victime du dunk de Carter, oubliant son superbe match contre l’Australie de Longley en demie. Mais ce dunk, vous l’avez vu en live ?
Oui bien sûr. Et je dois vous avouer que sur le coup, il ne m’avait pas plus impressionné que ça. Au Dôme, nous étions placés tout en haut. Et vu de là- haut, rien d’exceptionnel.
« Vous vous rendez-compte, nous assistons sans doute au plus beau match de l’histoire du basket ».

Deux Lakers face à face pour le plus beau match de l’histoire.
Le plus beau match auquel vous avez assisté ?
Indiscutablement le USA-Espagne de 2008. Une réussite au shoot incroyable malgré de grosses défenses. Je me souviens qu’à la mi-temps, je me suis tourné vers mes confrères de la tribune de presse pour leur dire : « Vous vous rendez-compte, nous assistons sans doute au plus beau match de l’histoire du basket ».
Je suppose que de ne pas aller à Rio doit vous rendre très triste.
Rendre l’accréditation n’a pas été un moment très agréable, mais curieusement il n’ y a pas tant de regrets que ça. Si nous avions retardé l’arrêt de Basket Hebdo pour couvrir les J.O, nous n’aurions de toute façon pas résolu nos problèmes financiers. Alors partir à Rio avec des soucis de trésorie… Je n’aurais pas pu goûter pleinement au plaisir d’être au Brésil. Puis cette année, c’est comme à Sydney, les filles jouent les mêmes jours que les garçons sur un site différent. Difficile de bien suivre les deux dans ces conditions.
Merci Pascal.
Propos recueillis par Laurent Rulier


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