Les futurs …. Ces joueurs que l’on a voulu comparer à des légendes
Dossier
C’est une rengaine que l’on entend souvent. Dès qu’une légende commence à prendre de l’âge, un malin plaisir est pris à chercher son successeur, comme assurer une continuité entre les générations rassure les fans. Entre bides, mauvaises comparaisons ou carrières gâchées par les blessures, la plupart n’arriveront jamais à dépasser leurs idoles. Les meilleurs marqueront finalement l’histoire à leur manière. Retour sur ces joueurs que l’on a très (trop) tôt labélisés comme les « futurs … »
LES FUTURS JORDAN : LA TENDANCE DE LA FIN DES ANNÉES 90
Avec la double retraite du maître lors de la décénie 90’s, nombreux sont ceux qui se sont vus à leur insu transmettre le flambeau. Le premier, Kendall Gill, évolue dans un lycée à Chicago lorsque MJ effectue sa saison de Rookie avec les Bulls. Ses caractéristiques physique similaires et son admiration ouverte vers Jordan ont suffi pour déchainer les passions. Malheureusement, la comparaison s’arrêtera là. Drafté par les Charlotte Hornets en 1990 (5ième choix), son comportement sera souvent remis en question, comme ce jour où il en viendra aux mains avec son co-équipier Larry Johnson. Il passera par la suite par les Seattle Supersonics, New Jersey Nets, le Heat de Miami, les Minnesota Timerwolves, Chicago Bulls pour finir une carrière correcte aux Bucks de Milwaukee.
Le suivant sur la liste est probablement le plus gros flop. Surnommé « Baby Jordan » pour son visage de Poupon ressemblant à celui de MJ, Harold Miner n’évoluera que 4 saisons en NBA. Le temps de remporter deux Slam Dunk Contest avec le maillot du Heat, Miner terminera sa carrière à seulement 25 ans sous le maillot des Cleveland Cavaliers. Ironie du sort, il jouera sa dernière rencontre face aux Bulls de Jordan, le 20 février 1996, le temps de rater 2 shoots et de délivrer 2 passes décisives.
Autre comparaison injustifiée, Grant Hill. Annoncé comme le nouveau visage de la NBA lors de sa saison de Rookie, son image de gendre idéal sorti de Duke est un atout considérable pour la ligue qui souhaite redorer son image après le fiasco des mondiaux 1994 où l’arrogance des Kemp, Coleman ou O’neal a fait mauvaise impression. Finalement le maître le reprendra lui-même ses droits lors de son come-back en 1995. Hill aura une carrière correcte gâchée par des blessures, avec au final une position et un style de jeu totalement différent de celui de Michaël.
Coéquipier de Hill un temps à Detroit, Jerry Stackhouse sera labélisé « next Jordan » dès son arrivée à North Carolina. 1m98, 99kg, un jeu spectaculaire et offensif, il faut dire que les comparaisons sont faciles. Après deux années chez les Tar Heels, il se déclare éligible à la draft 1996 et est sélectionné en 3ième position par les 76ers. Mais Stackhouse restera avant tout un joueur à mentalité offensive (meilleur scorer de la ligue en 2001), et ne sera jamais le leader qu’a été MJ. Il terminera une longue carrière de 18 saisons avec les Nets en 2013, auréolé de 2 sélections au All-Star Game.
Autre Tar Heels ayant été comparé à Michael, Vince Carter a en quelque sorte dépassé le maître lors du concours de Dunk 2000. Doué de qualités exceptionnelles sa mentalité et son approche du jeu est par contre à des antipodes de celles de Jordan. Coupable d’avoir volontairement laissé tomber des matchs pour être échangé par les Raptors (il avouera ce fait par la suite), il continue aujourd’hui une carrière plus que correcte qui devrait l’amener au Hall of Fame.
Au final, celui qui se rapprochera le plus de Jordan est peut-être Kobe Bryant. Jordan lui-même avouera rapidement que Kobe est celui qui lui ressemble le plus. Doté d’un physique similaire, tous deux d’une mentalité de gagneur qui en devient une obsession, Kobe a même copié de nombreux mooves de His Airness. La différence sera plus sur l’ouverture aux autres. La où, un Jordan a su adapter son jeu et mettre de « l’eau dans son vin » avec certains de ses coéquipiers pour le bien de l’équipe, Kobe est un forcené qui n’hésitera pas à harceler ses coéquipiers. Moins diplomate, il n’obtiendra pas tout le temps le meilleur des autres comme a pu le faire Jordan dans les années 90.

Le dernier qui souffre encore de cette comparaison injuste aujourd’hui est Lebron James. Si ce n’est le talent, rien de rapproche les deux, tant sur le plan physique, du style de jeu que mental. Lebron doit faire face à une pression et surmédiatisation que même Jordan n’a pas connu, ses moindres fait et gestes étant analysés dans la seconde sur les réseaux sociaux. Au final, même si on se souviendra tout de même de Lebron comme l’un des dix meilleurs joueurs de l’histoire, les mauvaises langues noteront encore qu’il n’a pas eu la carrière de MJ.
La liste est encore longue et nombreux sont les joueurs à avoir un jour le label de « futur MJ » : Jim Jackson, Latrell Sprewell, Pete Myers, …
LES FUTURS BIRD : A LA RECHERCHE DU NOUVEL ESPOIR BLANC
A chaque draft, c’est a même rengaine. Dès qu’un shooter blanc apparait, les comparaisons fusent avec Larry Legend, comme si l’espoir un joueur blanc capable de rivaliser faisait fantasmer une partie du public. Le dernier en date ? Doug McDermott drafté par les Bulls l’an passé.
Annoncé comme le nouveau Larry Bird, à sa sortie de Duke en 1989, Danny Ferry choquera dès ses débuts en refusant de joueur pour les Los Angeles Clippers, préférant s’exiler une saison en Italie avant de rejoindre les Cleveland Cavaliers à l’aube de la saison 1990-91. Les comparaisons avec le Celtic s’arrêteront à leur grande taille et capacité physique réduite. Pour le reste, Ferry ne dépassera les 10pts de moyenne qu’à 2 reprises, en 13 ans de carrière avec les Cavaliers et les Spurs. Il terminera toutefois sa carrière sur un titre NBA.
Celui qui a peut-être souffert de cette étiquette est Keith Van Horn. Drafté en 2nd position en 1997, derrière Tim Duncan, il atterri chez les Nets. Dans un période où la NBA a besoin de stars à l’image parfaite, Van Horn est le « produit » parfait à vendre aux fans. Mais les comparaisons avec Bird ne tiendront pas, Van Horn est certainement plus physique que Larry mais n’a pas le même shoot, ni la même mentalité. Il aura une carrière correcte, sans All-Star Game mais a 16pts de moyenne en 10 saisons.
Au final celui qui sera le plus proche de Larry Legend est Dirk Nowitzki. Excellent Shooter comme Larry, le meilleur Européen de l’histoire de la NBA finira également au Hall of Fame. Moins tueur et arrogant que Larry Legend, l’Allemand est surtout un peu moins complet que Bird, qui en plus d’être un excellent shooter et rebondeur, était un passeur hors pair.
Autres joueurs : Adam Morrison, Austin Crosherre, Mike Dunleavy Jr, …
LES NOUVEAUX MAGIC JOHNSON : MENEUR DE PLUS DE 2M00 RECHERCHES
A sa sortie de Syracuse en 1991, Billy Owens est comparé à Magic Johnson pour sa conduite de balle, sa versatilité et sa capacité de passe exceptionnelle pour un joueur de sa taille (2m03). Au final, il n’évoluera jamaisau poste de meneur de jeu durant ses 10 années de carrière dans 7 franchises différentes. Comme beaucoup de « stars annoncées » au début des années 90, il ne répondra jamais aux attentes, la faute à un manque de travail et d’implication.
La comparaison la plus proche sera surement celle avec Anfernee « Penny » Hardaway. Meneur de 2m01, Penny débute sa carrière en trombe avec une 2nd saison auréolée d’une sélection en All-NBA first Team et une présence en final NBA avec le Magic d’Orlando. Plus explosif et athlétique que Magic, il se perdra finalement, la faute à un genou fragile et un manque de leadership par rapport au Laker. Il restera toutefois un joueur qui a marqué une génération de fans fin des années 90.
Autre destin tragique, celui de Shaun Livingston. L’actuel back-up de Steph Curry avec les Warriors est annoncé comme le futur grand meneur de la ligue. Arrivé chez les Clippers à 19 ans en 2004, il se brise le genou un soir de 2007. A force de courage et d’abnégation, il se refait une place en NBA, d’abord avec les Nets puis avec les Warriors avec qui il remporte le titre NBA en 2015. Une belle histoire.
Autres joueurs : Jalen Rose, Ron Harper, Tracy McGrady, Chris Paul …
Certains autres légendes ont aussi eu droit à leur successeur annoncé avec souvent peu de succès. Ces comparaisons sont souvent faites sur le physique (Shaquille O’Neal – Eddy Curry), l’origine (Hakeem Olajuwon – Michael Olowokandi) ou le caractère (Dennis Rodman – Ron Artest) mais les similitudes s’arrentent là. Que l’on se rassure, ce phénomène ne s’applique pas qu’au basket mais à l’ensemble du sport, comme pour le football ou l’on cherche le nouveau Zidane depuis 10 ans avec un succès plus que mitigé (Kamel Meriem, Atem Ben Arfa, Marvin Martin, …).
Au final ces comparaisons participent aux mythes que sont ces joueurs et à leur côté inaccessible : on aime croire que les personnes que nous avons idolâtré restent uniques. Aux nouvelles générations de se créer une nouvelle identité pour marquer, à leur manière l’histoire de ce sport.
Crédits photo : Getty Images/NBAE


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