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[Dossier] Les pionniers du basket américain : les dix premières grandes équipes

Histoire

En fin d’année dernière, Basket Retro était revenu pour vous sur les premières ligues professionnelles de l’histoire du basket. On réembarque aujourd’hui dans notre DeLorean, direction la première moitié du 20ème siècle, pour vous faire découvrir les premières grandes équipes de notre sport.

Les premières ligues professionnelles étaient si primaires (dans tous les sens du termes) que bien souvent, les meilleures équipes du pays choisissaient, ou étaient contraintes, de ne pas y évoluer.

Deux raisons principales à cela. Certaines équipes évaluaient qu’il était financièrement plus intéressant de promouvoir eux-mêmes leurs matches. Tandis que d’autres se voyaient tout simplement interdire le droit de participer aux compétitions officielles. La raison ? Des origines ethniques ou religieuses différentes de la « norme ».

Dans une société où le racisme prédominait, ces injustices étaient malheureusement légions. Et si Selma, sorti récemment en salle, nous offre une piqure de rappel du climat ségrégationniste d’il y a 50 ans aux États-Unis, inutile de vous préciser que des années avant la naissance du Docteur King, la place des minorités dans le sport professionnel n’était pas la première des préoccupations des américains.

Basket Retro vous propose un focus sur dix équipes légendaires et (presque toutes) méconnues.

BUFFALO GERMANS

Composé d’adolescents issus du YMCA des quartiers Est de Buffalo, les Germans virent le jour en 1895. Leur isolement géographique les empêchant de rejoindre une ligue professionnelle, leurs adversaires n’étaient autres que les universités et YMCA locaux.

Buffalo_GermansD’un manque d’adversité criant, ces équipes ne faisaient pas le poids face à un collectif qui rentrera au panthéon de son sport en 1961. Pour parvenir à Springfield, les Germans réalisèrent des séries de victoires historiques. A partir de 1908, ils démarrèrent ainsi une épopée qui les conduisirent à 111 succès consécutifs ! La série pris fin en 1911 lorsqu’ils affrontèrent une autre équipe professionnelle… Non content de surfer sur les victoires, Buffalo prenait un malin plaisir à démolir leurs adversaires sur des scores ridicules (111-17, 104-8, et même 134-0 face à Hobart College).

Avec un palmarès impressionnant pour son époque (ils remportèrent les championnat Pan Américains de 1901 ainsi qu’un titre olympique aux Jeux de St Louis en 1904), les Germans se séparèrent en 1925, après avoir compilé un bilan de 792 victoires pour 86 défaites seulement. Un chiffre qui finit de convaincre le jury en charge de nommer les nouveaux membres du Hall of Fame. Aujourd’hui, ils sont l’une des neuf équipes à avoir intégrées ce panthéon en compagnie notamment de la Dream Team.

ORIGINAL CELTICS

originalFondé en 1914 par Frank McCormack dans les quartiers ouest de Manhattan, les Original Celtics se firent connaître sous le nom des New York Celtics en raison des origines irlandaises de ses premiers membres. Rebaptisé Original Celtics après la première guerre mondiale par le promoteur James Furey, les Celtics recrutèrent au fil des ans des figures locales de tout horizon (Joe Lapchick, Nat Holman, Henry Dehert etc.), et posèrent leur quartier au Madison Square Garden.

Dans les années 20, les Celtics devinrent l’équipe professionnelle la plus célèbre du pays. Réputés pour leur défense agressive, de nombreuses innovations dans le jeu leur sont crédités : le jeu au poste, la défense de zone, le passe et va. Une lucidité qui les amena durant leurs années les plus fastes à un taux de victoire estimé à 90 %. Dominant aisément leurs adversaires, ils parvinrent à un incroyable record de 193 victoires sur 205 rencontres lors d’une seule saison !

Les Original Celtics intègrent le Hall of Fame en 1959, et seront rejoint dans les années suivantes par certains de leurs anciens membres à l’image de Nat Holman, promu en 1964, ou encore Joe Lapchick deux ans plus tard.

THE RENS

rensLes New York Renaissance ont été la première et meilleure équipe afro-américaine du début du 20ème siècle, si ce n’est la meilleure équipe toutes origines confondues. Voyant le jour en 1923 grâce à Robert L. Douglas, les « Rens » évoluaient dans la Renaissance Ballroom (d’où leur nom), une salle de balle d’Harlem où les joueurs disputaient leurs rencontres entre les performances des orchestres.

La grande dépression des années 30 entraina la fermeture de cette salle et obligea les Rens, à qui l’accès aux ligues « blanches » était interdit, à évoluer en dehors des circuits traditionnels à travers le pays.

De 1932 à 1936, ils enregistrèrent un bilan de 497 victoires pour 58 défaites, dont une fantastique série de 88 victoires consécutives en l’espace de 86 jours en 1933 ! Les New York Renaissance devinrent en 1939 la première équipe composée d’afro-américains à remporter un titre mondial, tous sports confondus, en s’adjugeant le World Pro Tournament. Performance qu’ils rééditèrent en 1943 sous le nom des Chicago Bears.

L’équipe fut dissoute en 1949, 14 ans avant leur introduction au Hall of Fame.

THE SPHAS

C’est en 1917 qu’un certain Eddie Gottlieb (futur propriétaire des Philadelphia Warriors) forma les Sphas pour South Philadelphia Hebrew Association. Comme son acronyme l’indique, le groupe est né à Philadelphie dans la communauté juive de la ville.sphas

Pour promouvoir son équipe, Gottlieb garantissait à son public une bagarre à chaque rencontre… Réputé pour leur dureté, les Sphas jouaient un basket malin et sans fioritures qui leur permit en 1926 de vaincre sur des séries au meilleur des trois matches les Rens et les Celtics.

Une fois éloigné des terrains, de nombreux Sphas poursuivirent des carrières dans le basket, dans le coaching et le management.

HONG WAH KUES

Originaire de San Francisco, où est fortement représentée la communauté chinoise, les Hong Wah Kues (qui signifierait « braves/grands guerriers chinois) étaient une équipe composé de sino-américains qui débuta son parcours en 1939.

Avec aucun joueur ne dépassant 1m80, les Kues s’appuyaient sur d’autres qualités que la taille pour enthousiasmer leur public. Ils étaient ainsi réputés pour leur vitesse et leur circulation de balle. Par ailleurs, bien que parlant parfaitement anglais, les joueurs communiquaient entre eux en cantonnais.

Managé un temps par Abe Saperstein, promoteur des Harlem Globetrotters, les Kues jouaient une rencontre par jour, et une seconde le dimanche. Un rythme soutenu mais bref. La seconde guerre mondiale obligea en effet les six membres à dissoudre l’équipe deux ans seulement après leur création.


CARLISLE INDIAN INDUSTRIAL SCHOOL

Autre équipe, autre communauté. La Carlisle School a été fondé en 1879 avec pour mission de « civiliser » les amérindiens. Employant des méthodes particulièrement brutales, l’école voulait ni plus, ni moins, inculquer à ses membres une culture américaine en éradiquant celle de leur communauté.

L’établissement accordait une importance toute particulière au sport et décidèrent ainsi de monter leur équipe de basket. « Leur rapidité et leur ruse les aida à surmonter leur déficit de taille » déclara le Dr. Naismith à leur propos.

OLSON’S TERRIBLE SWEDES

Fondé en 1920 par C.M. Olson, les Terrible Swedes constituaient une équipe de géant pour l’époque, avec des joueurs culminant en moyenne à 1m95. Une caractéristique répondant aux stéréotypes nordiques. Originaire de Cassville dans le Missouri, les Swedes étaient composés de joueurs issus de ligues du Midwest. Considéré comme l’une des équipe les plus rigoureuses de l’époque, les joueurs disputaient autant de rencontres que les Celtics ou les Rens en évoluant en dehors des ligues traditionelles.

Si leur jeu s’avérait généralement sobre, Olson, qui était non seulement leur manager et fondateur mais également membre de l’équipe, apportait un peu de fantaisie à leurs rencontres en distribuant des passes dans le dos et en s’essayant à des tirs à une main peu conventionnels pour l’époque.

En 1935, Olson monta une seconde équipe, les All American Red Heads.

ALL AMERICAN RED HEADS

Si l’on a évoqué jusqu’à présent des équipes masculines, il faut savoir que le basket féminin n’était pas en reste et avait ses particularités. Dans les années 30, les femmes évoluaient bien souvent à six contre six en demi-terrain. Mais les Red Heads se distinguaient en jouant avec les règles du basket masculin face à des équipes masculines, surmontant ainsi tous les préjugés établis sur les femmes athlètes.

Devant leur nom au salon de coiffure tenue par la femme du fondateur de l’équipe, les joueuses, si elles n’étaient pas rousses, devaient se teindre les cheveux pour intégrer l’équipe. Mais au delà de ce détail esthétique, elles se démarquaient particulièrement par leur vista sur les terrains. Dotées d’une vraie tenue de balle et d’un jeu de passe abouti, les Red Heads démontraient leur efficacité à travers le globe. D’Alaska au Mexique, en passant par le Canada ou les Philippines, leur popularité les amenèrent à devoir monter une seconde équipe, les Ozark Hillbillies.

Ce n’est qu’en 1986 que leur épopée pris fin. Mais leur légende continua à s’écrire lorsqu’elles devinrent en 2012 la toute première équipe féminine à intégrer les rangs du Hall of Fame de Springfield.

HOUSE OF DAVID

De loin l’équipe la plus étrange à avoir existé ! La « Maison de David » était une secte religieuse du Michigan. Ses membres devaient s’abstenir de sexe, de coupes de cheveux, de rasage, et de viande ! Déjà célèbre pour leur équipe de baseball, la secte ajouta à sa communauté une équipe semi-pro de basket.House of David Basketball Team

L’équipe s’avéra attractive par son excentricité, de là à voir émerger des formations leur rendant hommage à l’image de la Colored House of David, un collectif afro-américain dans laquelle les joueurs portaient de fausses barbes !

Malgré leur originalité, l’équipe était prise au sérieux et fut invitée au World Pro Tournament de 1939 et 1940. Elle continua de se produire jusque dans les années 50, où elle participa même à une tournée en Europe avec les Harlem Globetrotters.

HARLEM GLOBETROTTERS

D’un niveau de célébrité à faire pâlir bon nombres de franchises NBA, les Harlem Globetrotters usent leurs semelles sur les parquets du monde entier depuis près de 90 ans !

Tout débuta à la fin des années 20 lorsque six afro-américains du Midwest se mirent à parcourir le Nord Est des États-Unis pour y affronter les équipes locales. Il leur fallu peu de temps pour devenir compétitif, et dès les années 50, les Globetrotters devinrent une véritables institution, au point de remplir les salles du monde entier et d’apparaitre dans de nombreux films hollywoodiens.

Pendant près de 20 ans, les Globetrotters ont été une fantastique équipe, au point de s’octroyer bien souvent le titre officieux de meilleure équipe du monde. Car après avoir joué les seconds couteaux derrière les New York Renaissance, les « Harlem », comme on aime les appeler en France, sont devenus bien plus forts que leurs opposants. En 1948 et 1949, même les glorieux Minneapolis Lakers de George Mikan, pourtant champion NBL puis NBA, échouent devant cette combinaison inédite de taille, de dextérité et d’adresse.

Leur fondateur et propriétaire, Abe Saperstein, jouit alors d’un monopole sur les talents afro-américains du basket. Une situation qui prend fin dès 1950. La NBA brise le tabou et intègre les joueurs de couleurs à son championnat en sélectionnant lors de la draft deux joueurs issus des Globetrotters, Earl Lloyd et Chuck Cooper. Malgré le départ de ces deux talents, l’équipe conserve toute sa notoriété comme en atteste l’affluence lors d’un match à Berlin célébrant leur 25ème anniversaire en 1951 : pas moins de 75 000 fans font le déplacement !!

C’est en 2002 que les Harlem Globetrotters intègre le Naismith Memorial de Springfield. Le spectacle a depuis les années 50 remplacé la compétitivité, mais le show mérite le détour, et si vous n’avez pas encore eu la chance de voir en live cette équipe légendaire, sachez qu’ils sont en tournée en France jusqu’au 13 avril ! Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Source : The Undisputed Guide to Pro Basketball History

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About Simon ANNIC (20 Articles)
NBA Addict depuis les premiers dribbles de Kobe avec les Lakers, je suis autant passionné par la NBA actuelle que par l'histoire de la grande ligue, de Red Auerbach à Phil Jackson, d'Elgin Baylor à Chris Paul.

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