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ITW Samuel Nadeau – Part 2 : « Le basket dans les années 90 était à son summum »

Interview

Comme convenu, découvrez aujourd’hui le second volet de notre entretien avec Samuel Nadeau réalisé le 14 janvier dernier. Nous sommes revenus sur sa découverte de la NBA. Nous faisant partager ses souvenirs du basket américain, il a apporté son avis sur les résultats de l’Equipe de France.

Basket Rétro : Tu en parlais un peu précédemment. Tes premiers souvenirs du basket américain datent des années 90.

Samuel Nadeau : Oui après je suis un passionné du basket. J’ai appris mon histoire du basket. D’ailleurs, je fais une dédicace à Basket Rétro. Je trouve que c’est énorme ce que vous faîtes. A l’école, quand je vais enseigner les différents sports, la première réaction des petits, c’est « euh t’es Tony Parker ». Premièrement, je dis que je lui ressemble pas. Je suis plus grand que lui. On me dit : « Tu le connais ? » « Ouai je le connais ». Après je leur demande, « mais vous connaissez qui au basket puisque vous me parlez de Tony Parker. Est-ce que vous l’avez déjà vu joué ? » Et puis tout le monde a dit Jordan. J’ai dit « vous connaissez Jordan ? » Et ils vont décrire un joueur qui n’est pas Jordan.

arvydassabonisPour revenir à ta question, j’ai appris l’histoire. J’ai voulu découvrir qui était qui, qui avait fait quoi jusqu’à dans les années 80 peut-être. Même les légendes des années 70. J’ai voulu découvrir ce qu’ils ont fait car ça m’intéressait. Je trouve ça riche de pouvoir aujourd’hui comparer un Lebron James avec un Clyde Drexler ou un Karl Malone. Ou encore Stockton à Steve Nash ou Chris Paul aujourd’hui. C’était important pour moi de suivre, savoir qui à fait quoi et de savoir comment ça a évolué. Le basket des années 90 et auparavant, c’est le meilleur basket dans le sens où c’était pur. Il y avait pas de protection. Il y avait cet esprit de combat. Aujourd’hui, c’est plus joli. C’est-à-dire, on protège les stars un peu.  Mais dans les années 90, il y avait une star, c’est vrai. Mais les 6-7 autres joueurs, c’était des tueurs dans ce qu’il faisait. Il y a des équipes comme Chicago, Détroit, Utah, ils avaient ces joueurs et tu te disais «  Whaou ». Tout le monde fait son job. La différence pour moi est celle-ci peut-être. Cette année, il y a une équipe qui monte comme Toronto, ou Atlanta. Ils sont entrain de montrer que sans stars ils arrivent à maintenir le cap.

Techniquement, les choses évoluent beaucoup en Europe. On devient de plus en plus habiles dans toutes les positions je dirais. Aujourd’hui des postes 5 peuvent tirer alors qu’à l’époque, on aurait vu que Sabonis, pouvant tirer à l’extérieur de la raquette à 3 points, les pieds au sol. Aujourd’hui, on en verrait un peu plus comme Mirotic qui était au Real. Extraordinaire, ce 4 qui est un 3 en fait. Ah non, c’est peut-être un 2 aujourd’hui. Gasol c’est pareil, on se demande à quel poste il joue. Tu prends Boris Diaw en France. Ca, c’est le basket moderne. Un joueur qui va palier plusieurs postes et pouvoir être efficace.

BR : Tu as cité des joueurs. Quels sont ceux et les équipes (actuels ou passés) que tu aimes en NBA ?

SN : En NBA, Charles Barkley. Je l’ai rencontré. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup aidé. Son esprit du combat sur le terrain était énorme. Lorsque j’étais en cadet, minimes, j’aimais beaucoup sa manière de jouer vu qu’il joue dans la même position que moi, au poste 4. J’ai beaucoup aimé David Robinson. En évoluant, Kevin Garnett, Allen Iverson, Kobe Bryant, Penny Hardaway sont des joueurs qui m’ont beaucoup marqué. Ca m’a aidé dans l’engagement. Quand j’allais m’entraîner, j’essayais de faire comme eux. Que j’arrivais ou pas, c’était une source de motivation, de travailler leurs moves. Magic Johnson, c’est comme Penny, un meneur de 2 mètres, sauf que lui jouait poste 1, 2, 3, 4,5. Je l’ai rencontré, c’était extraordinaire. Même en le rencontrant, j’ai joué avec lui. Il a des mains en or. Je regarde pas trop les nouvelles générations.

À part ceux que j’ai rencontrés, il y a les coachs que j’ai beaucoup aimé et pour qui j’aurais aimé jouer : Greg Beugnot. Si on me dit de recommencer le basket, et de choisir un coach pour lequel je jouerais, je choisirais comme premier coach français Greg Beugnot. Il le sait pas. On se connait pas. Peut-être qu’il me connait de nom. On s’est déjà rencontré sur les parquets de Pro A pour se dire bonjour. J’aime ce que fait ce coach, l’identité de son équipe. J’aime la manière dont il travaille. Il a toujours eu des joueurs qui me ressemblaient et avec lesquels il a su quoi faire.

BR : Et des coachs en NBA qui t’ont marqué ?

SN : J’aime beaucoup George Karl et sa manière de jouer, l’identité de son équipe. J’aime beaucoup Phil Jackson. C’est comme un master. Il a une grosse part importante dans ce qu’a fait Jordan. Il a fait dans plusieurs autres équipes et il l’a démontré. J’aime beaucoup Pat Riley et l’identité qu’il a donnée puis ce qu’il a apporté à son équipe. Ca c’est l’ancienne école.

BR : Et des équipes qui t’ont marqué ?

SN : Ce sont des grosses équipes. Les Lakers, tout ce qu’ils ont fait ou font à part à l’heure actuelle. J’aimais leur jeu : de Magic Johnson à Kobe et Shaq en passant par Nick Van Exel. J’ai toujours aimé. J’ai beaucoup aimé Chicago. A l’époque de Jordan, c’était juste extraordinaire. Tout le monde a voulu donné du crédit à Jordan. Je ne fais pas partie des seuls. Souvent quand je discute de basket avec certaines personnes, j’ai tendance à défendre John Paxson, Scottie Pippen, Luc Longley, Ron Harper. Tous ces joueurs-là qui ont fait que Jordan puisse gagner ses bagues. Le basket c’est ça, c’est pas un joueur. C’est un collectif. Jordan, quand il était tout seul à Chicago, on l’a bien vu. Il marquait 60 milliards de points. Mais il gagnait rien. Une fois que l’équipe a été construit autour de lui  et que les joueurs ont répondu présents quand il le fallait, c’était parti. Donc Chicago est une équipe qui m’a beaucoup plu. J’ai beaucoup aimé New-York et Détroit. On appelait ces Pistons les bandits. Ils venaient et faisaient ce qu’ils avaient à faire pour gagner. Ils essayaient pas d’être jolis. New York c’est pareil avec John Starks. C’est des équipes avec des identités que j’aimais bien.

BR : Et à l’inverse, quels sont les joueurs/équipes (actuels ou passés) que tu aimes le moins ?

SN : Non. J’aime le basket. Je ne peux pas ne pas aimer une équipe. J’aurais aimé un tout petit peu que des équipes changent. Mais ils avaient leur charme dans ce qu’ils faisaient. Par exemple, Utah. Je ne lèverais jamais ma main pour dire que j’aimais les Jazz. Leur style de jeu était bizarre. Il jouait beaucoup avec le pick n’roll. C’était John Stockton pour Karl Malone ou Jeff Hornacek. Mais j’aimais car il pratiquait un jeu à la perfection. Ensuite, à un moment donné, Seattle était bien. C’est une équipe que j’aimais avec Shawn Kemp et Gary Payton. Après j’aimais les équipes dans lesquels étaient mes joueurs favoris. Ca c’est sûr même s’ils étaient un peu tout seul. Orlando avec Penny. Garnett avec Minnesota. J’étais pour les Timberwolves à 300 000 % (rires). Je savais que ça allait être dur. Ils ont essayé de construire à un moment donné mais ca n’a pas marché. Bryant est arrivé jeune aux Lakers. Il jouait pas beaucoup mais il a commencé à s’imposer après. Je respecte toutes les équipes. Aujourd’hui, l’équipe que je pourrais regarder, que je porte un peu est OKC Thunder. J’aime Kevin Durant, Russell Westbrook. Il dise que ce meneur est un mangeur de ballons. Mais les gens n’ont pas compris. Il fait ce qu’il sait faire. S’il se transforme en quelque chose d’autres, ca serait pas Westbrook (rires). Il va bien avec Kevin Durant qui est un joueur calme. Lui  apporte cette étincelle qui fait que le match peut partir en vrille en deux secondes.

BR : As-tu le souvenir d’un match NBA marquant : All Star Game, playoffs, performance d’un joueur ?

1998 NBA Finals Game 6:  Chicago Bulls vs. Utah JazzSN : J’ai un match. C’est en 1998. Il y a Utah – Chicago. Je voulais pas que les Bulls gagnent. J’étais fatigué des Jordan, Jordan ci, Jordan ça malgré le respect que j’ai pour ce joueur. Je suis aux Etats-Unis et je vois ce tir. J’ai vu ce match en direct. (ndlr : Game 6, victoire de Chicago sur un tir de Jordan). Je suis dégouté en fait. (rires). Je dis « il est trop fort ce joueur. Encore une fois, il a écrit l’histoire ». Ce tir, je l’ai encore dans ma tête.  Je le vois, je le revois. Si on me demande un match marquant, je dis ce Utah-Chicago.

BR : Tu voulais voir Utah gagner ?

SN : C’est pas que je voulais qu’Utah gagne. Les Jazz méritaient car ils se sont vraiment battus. S’il y avait pas une équipe comme les Chicago Bulls… Mais du coté des Bulls, j’aurais aimé que ce soit un autre joueur que Jordan qui rentre ce shoot pour que Chicago ait la reconnaissance par d’autres joueurs. C’était le cas avec le tir de John Paxson en 1993 en finale contre Phoenix. Et quand je vois Jordan, je dis Wha. Et c’est pas du tout haineux. Je me disais encore lui. C’était écrit.

BR : As-tu un autre match marquant qui vient à l’esprit ?

SN : Il y en a un où je pleurais. Je voulais que Barkley gagne la finale contre Jordan. Je suis petit. Je suis dégouté (rires) mais j’accepte. Après y a beaucoup de matchs avec des joueurs qui ont réalisé de grandes performances mais ce sont pas ceux qui m’ont marqués. Il y avait peut-être des actions, des mouvements de certains joueurs comme Vince Carter, Dominique Wilkins, des tireurs d’élite comme Reggie Miller qui m’ont marqué. J’ai un match français. C’était une finale je crois entre Nancy et Levallois. Sonko met trois paniers à 3 points. Dans ma tête, c’est un match référence.

« Un match marquant ? C’est en 1998. Il y a Utah – Chicago. Je voulais pas que les Bulls gagnent. J’étais fatigué des Jordan, Jordan ci, Jordan ça malgré le respect que j’ai pour ce joueur. Je suis aux Etats-Unis et je vois ce tir. J’ai vu ce match en direct. (ndlr : Game 6, victoire de Chicago sur un tir de Jordan). Je suis dégouté en fait. (rires). Je dis « il est trop fort ce joueur. Encore une fois, il a écrit l’histoire ». Ce tir, je l’ai encore dans ma tête.  Je le vois, je le revois.

BR : Quel serait le 5 majeur idéal de toute l’histoire de la NBA pour toi ?

SN : Je peux pas être lucide. Je vais dire Magic Johnson en meneur. En 2, Kobe Bryant. En 3, (il réfléchit). C’est dur car j’ai mes joueurs préférés. Je mettrais Scottie Pippen. Même si c’est pas ma référence. J’aurais préféré mettre Carmelo Anthony. En 4, je mets Kevin Garnett ou Charles Barkley. Et en 5, je mettrais Shaquille O’Neal. Ou aussi Arvydas Sabonis, David Robinson.

BR : Tu m’as dit que tu suivais pas trop la saison actuelle mais j’imagine que tu portes un regard. Penses-tu que San Antonio va garder son titre ? Qui vois-tu en Finales NBA ? Qui serait champion NBA en 2015 dans ces cas-là ?

SN : Cette année en est une qui est assez bizarre. Il y a des équipes là où on les attendait pas : Atlanta, Toronto. Du coté Ouest, ça se tient. Golden State est en train de fleurir. San Antonio peut garder son titre si tout le monde arrive en forme aux playoffs. Chose que Gregg Popovich arrive à très bien faire. Il arrive à faire asseoir ses joueurs quand il en a envie. On peut pas savoir ensuite qui va gagner le titre. Celui qui y répond dira le nom de l’équipe qu’il supporte. Il sera plus fan. Je vois pas les Warriors gagner. En playoffs, faut assumer une série lourde en défense comme en attaque. C’est une équipe qui attaque et défend peu. Y a des noms mais ce sont des équipes équilibrées. J’aime bien Portland. Il manque un truc à Memphis. C’est un ailier. Avec Gasol, Randolph, Conley et compagnie, ils ont quelque chose. En playoffs, ca demande à voir. A Chicago, il leur manque un joueur à l’aile. Mais elle a le profil pour gagner le titre. Ils sont bien à tous les postes. Ils ont leur identité sur le terrain. Après à l’Est, je vois personne. C’est bien ce que fait Atlanta, mais je demande à voir en playoffs. Pareil pour Toronto. Tous les joueurs avec qui j’ai parlé de NBA et qui ont joué en NBA disent toujours la même chose. La saison régulière, c’est la saison. On va jouer, on va rigoler. Le match, on peut le laisser partir. Par contre, les playoffs, c’est la guerre. Il y a aucun match qu’on va laisser. Psychologiquement parlant, c’est à ce moment que la saison commence. Le joueur qui met 30 points en saison, viens les mettre en playoffs. C’est là où nous on veut te voir. C’est bien de faire ça dans la cour de récréation. Les playoffs, c’est la classe.

BR : Quel regard portes-tu sur les récentes performances des équipes de France : les champions d’Europe 2013 médaillé de bronze en 2014 chez les garçons et les vice-championnes olympique 2012 et vice-championne d’Europe en 2013 ? Penses-tu que la France va dominer sur le plan européen voire mondial sur l’Euro 2015, les JO 2016 et les cinq années à venir ?

SN : A mes yeux, l’équipe de France a la meilleure équipe en Europe mais depuis très longtemps. Aujourd’hui, le peuple français reconnait cette équipe car ils ont gagné. J’ai même été un peu dégoûté. Quand ils ont gagné, c’est comme si c’était l’exploit de leur vie alors qu’il y a longtemps qu’on aurait dû gagner avec l’équipe qu’on a avec ma génération 82 et même celle un peu auparavant. Sauf qu’on l’a pas fait pour diverses raisons. On n’a pas tous les joueurs qui venaient en même temps. Dans l’équipe, je pense qu’il y avait des petits problèmes internes qui font que des joueurs ne se sentaient pas concernés. Aujourd’hui que l’équipe de France gagne un championnat d’Europe, c’est pas une surprise. Je me dirais c’est tout à fait normal. Qu’elle ne soit pas championne du monde, je peux le comprendre. Le seul pays qui nous rivalise en terme athlétique ce sont les Etats-Unis. Pour moi, la France est championne d’Europe, c’est normal. Elle doit l’être pendant encore des années. Ce qu’on fait est énorme. Si on ramène tous les joueurs qu’on a en équipe de France, ça veut dire qu’on a de quoi faire. Même quand on a des blessés, on a une équipe.

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Ce qui est beau avec cette équipe dans les jours à venir, c’est qu’elle ne dépend pas d’un seul joueur. Souvent on dit Tony Parker. J’ai rien contre lui. Je l’aime bien. Mais ca a été un peu le problème de l’équipe. On a beaucoup mis sur lui alors que beaucoup d’autres joueurs pouvaient apporter. Ils le faisaient pas car on passait que par Tony. Aujourd’hui, on voit ce que fait Boris à San Antonio. J’étais content et je rigolais car Boris peut faire ce qu’il fait aux Spurs en équipe de France tous les jours. Tous les jours comme Batum, Gelabale, Mickael Pietrus. Si on utilise tout le monde, qui aura-t-on pour nous arrêter ? C’est ce que j’aurais aimé comprendre. On peut me donner n’importe quelle équipe, les Serbes, les Espagnols, y a aucune équipe en Europe ou dans le monde après les Etats-Unis qui peuvent attaquer et défendre comme eux si on l’a décidé. Aucune pour moi. J’aurais aimé qu’ils soient champion olympique ou champion du monde. Là j’aurais dit que ça sortait vraiment d’un exploit. La France est un pays de par sa richesse, sa mixité, qui crée des athlètes. Et que ce soit en athlétisme, en volley, au hand.

Sauf que jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas su réunir tous nos athlètes. A qui la faute ? La Fédération ? Les joueurs ? Moi je ne pense pas que ça soit les joueurs. On cherche à les mettre dans des cases. S’il rentre pas dans la case, on le prend pas. Je prends toujours l’exemple de la NBA avec Team USA et Iverson. Peu importe le milieu dont il vient. Il doit être dans l’équipe. On fait avec. On veut les meilleurs. Sur le terrain, AI va produire. Après, il rentre pas dans la case pour ceci cela. On s’en fout. C’est pas notre problème. Ce qui est important c’est la performance sur le terrain. On est là pour gagner pas pour ressembler à Blanche Neige ou Cendrillon. C’est pas ça l’objectif. Mais celui de gagner. Si on utilise tous nos athlètes et qu’on leur donne tous une part du gâteau alors un joueur se sentira concerné et important. Je vois pas un pays comme la France qui produit des athlètes à part les Etats-Unis. Peut-être en Afrique, mais le basket n’est pas encore assez développé.

BR : Ce que tu dis là est valable aussi pour l’équipe de France féminine ?

SN : C’est la même chose. Ce que la France crée, et ce que les femmes françaises donnent naissance à, elles le font pour les filles comme les garçons. La différence est que fait-on avec nos athlètes ? Qui les choisit ? Comment on les choisit ? C’est vrai que chacun a sa manière de voir les choses. Si le gens en haut ont décidé qu’il faut que ça soit comme ça pour que l’équipe fonctionne, tu pourras jamais avoir tout le monde. Mais si tu laisses un peu une porte ouverte, et que tu te dis qu’on va faire avec, et que tu veux vraiment aller gagner…

BR : Tu as côtoyé Tony et Boris tu m’as dit précédemment.

SN : Oui. On se connaît très bien. On n’est pas ami. On se respecte. On se voit on se dit bonjour. Je vais voir des matchs NBA. Boris, me voit dans les tribunes. On va aller parler. Comme Ronny Turiaf. C’est ma génération en équipe de France junior. Je le connais depuis petit, depuis les premières sélections régions, nos premières années basket. On s’est toujours vu. Chacun jouait dans sa sélection et défendait sa région. Le papa de Tony est quelqu’un qui m’appréciait beaucoup. Quand il me voyait, il me donnait beaucoup de conseils, il voyait mon style de jeu. Il m’appréciait. J’échangeais beaucoup avec Tony. Ensuite Mickael Pietrus, Mike Gelabale.

BR : Ces joueurs avaient déjà cette ambition d’aller en NBA dès le plus jeune âge ?

SN : C’est pas l’ambition. Tony n’en parlait pas de NBA. On avait une génération qui est pour moi en or. Parmi toute cette génération, lors de mon dernier passage en équipe de France, je savais parmi eux qu’ils allaient aller en NBA. Je savais pour Tony. Ensuite Boris, Mickael, Yakhouba, et Ronny, c’était sur. Il pensait que moi aussi j’y serai. Chose que je n’ai pas faite. Mais pour moi je savais. Tous les jours. Sans problème. (rires). Moi de mes yeux, j’étais aux Etats-Unis, à Madrid, je savais qu’eux pouvaient aller en NBA. Après certains n’ont pas eu la chance de trouver le coach qui leur permettent d’exploser. Mais ils ont leurs maillots. Ce sont des joueurs qui sont pour moi important pour le basket français. Que les gens veuille ou pas. Ils en font partie. Ils devraient être tout le temps en équipe de France.

BR : Tu parlais de Mickael Pietrus. On n’avait pas de nouvelles de lui. Il avait bien démarrer en NBA avec Orlando, Golden State.

SN : Il a très bien démarré. Après il a eu des blessures.

mikeBR : As-tu des nouvelles ?

SN : Ouai il va bien. Il s’entraîne. Il attend qu’une équipe NBA lui ouvre ses portes.

BR : Il veut pas revenir en Europe ?

SN : Pour le moment non. Lui c’est la NBA. Après s’il voulait revenir en Europe, il y a longtemps qu’il aurait pu le faire. Il sait qu’il peut apporter à une équipe en tant que vétéran. Il est aux Etats-Unis. C’est ce qu’il veut faire. Il faut respecter son choix.

BR : T’as rencontré Charles Barkley. Peux-tu nous en dire plus ? C’était à quelle époque, à quelle occasion.

SN : C’était lors de la finale NBA 2009 entre Orlando et les Lakers. Il aimait beaucoup Mickael Pietrus. On s’est rencontré dans les couloirs à Orlando. On s’est mis à parler et on s’et revu dans des hôtels. Il me parlait bien de Mickael. Moi je lui ai dit que je l’appréciais. Et que petit, c’est un joueur qui m’avait aidé quand je le voyais à la télé. Son maillot NBA est le premier qu’on m’a offert. Je l’ai remercié pour ce qu’il m’avait apporté de loin pour mon basket. J’apprécie son franc-parler, ce qu’il est. Il se cache pas.

BR : As-tu rencontré d’autres joueurs NBA ?

SN : Je me suis retrouvé dans une conversation avec Kobe et Mickael Pietrus. Ca reste historique. Kobe est un joueur que je respecte énormément. Il dit à Mike : « tu m’embêtes beaucoup tu sais ». Mike rigole. Moi j’ai vu Kobe pendant un des matchs de ces finales. Quand il avait le ballon, et avait Redick en face de lui, il avait le sourire. Il était en mode tranquille. « Lui je vais lui faire gauche, droite ca va aller et c’est fini ». Mais quand c’était Mickael, Kobe haussait son niveau de concentration et tu te dis « Ah respecte le niveau de défense de Mike » et Kobe sait qu’il pourra pas faire tout et n’importe quoi et que ça passera pas. Mais le fait que moi je pense ça, c’est bien. C’est mon point de vue. Mais que Kobe, me le dise de sa bouche en disant à Mickael : «  je travaille mes moves contre toi », je me dis que Mickael c’est un graal. Un des meilleurs attaquants scoreurs de NBA dit qu’il travaille certains mouvements pour pouvoir dominer Mike… Qui aurait pu dire ça ? Je rigole, on se checke avec Mike. Il était avec sa fille. Je lui dis c’est historique. Je trouvais ça très beau. C’est une éloge. C’est comme si un artiste rendait hommage à un autre artiste. C’est magnifique.

BR : Pour revenir à l’équipe de France, es-tu passé par toutes les catégories ?

SN : Non cadet et junior où je croise Tony, Boris.

« Je me suis retrouvé dans une conversation avec Kobe et Mickael Pietrus. Ca reste historique. Kobe est un joueur que je respecte énormément. Il dit à Mike : « tu m’embêtes beaucoup tu sais ». Mike rigole. Moi j’ai vu Kobe pendant un des matchs de ces finales. Quand il avait le ballon, et avait Redick en face de lui, il avait le sourire. Il était en mode tranquille. « Lui je vais lui faire gauche, droite ca va aller et c’est fini ». Mais quand c’était Mickael, Kobe haussait son niveau de concentration et tu te dis « Ah respecte le niveau de défense de Mike » et Kobe sait qu’il pourra pas faire tout et n’importe quoi et que ça passera pas. Mais le fait que moi je pense ça, c’est bien. C’est mon point de vue. Mais que Kobe, me le dise de sa bouche en disant à Mickael : «  je travaille mes moves contre toi », je me dis que Mickael c’est un graal ».

BR : On t’a vu aussi animer une émission sur l’equipe TV NBA Hebdo en 2010. Tu n’as pas hésité ?

Aucunement. Ils m’ont appelé. Il connaissait quelqu’un qui me connaissait. Je suis partie là-bas et leur ai demandé pourquoi moi ? J’ai pas compris. Ils m’ont dit que j’avais le charisme, le franc-parler. Moi je leur ai dit «  Ah moi j’ai pas fait carrière. Vous aurez pu appeler d’autres joueurs qui ont fait de vrais parcours ». Ils ont dit « non non on aime ton franc parler. T’as joué, fréquenté des joueurs qui jouent en NBA. Tu connais un peu le milieu ». La télé est un mélange de tout. Je l’ai fait. Ca s’est très bien passé pour moi et eux pendant une saison. Après Canal puis BeIn ont refait des émissions NBA, ca a tué le mouvement.

BR : Et si Canal, Bein, te rappelait pour faire cette même expérience. Accepterais-tu ?

SN : Des gens m’ont dit qu’il y avait des possibilités. J’ai jamais cherché à pousser les portes. C’est une belle expérience. Oui ca me dérangerait pas de parler basket.

BR : On t’a appelé pour commenter des matchs ?

SN : On m’a déjà proposé comme l’Equipe TV qui m’avait appelé pour commenter ou venir lors du journal. Mais c’était pas possible car j’ai ma vie de famille. C’était pas dans mon emploi du temps. Si c’était comme un travail comme auparavant, et que j’ai le temps, ca me dérange pas. Après faire ça à la volée, c’est un peu compliquée, quand tu as un enfant et un tas de choses à faire à coté.

BR : On va conclure cette interview avec le mot de la fin ?

SN : Le basket m’a beaucoup apporté. J’espère que ça sera le cas pour d’autres. Quant à Basket Rétro qui est pour moi une bibliothèque, continuez. Je pense que les articles que vous écrivez quelque soit les époques sont très très importants. Les nouvelles générations regardent ce qu’il y a devant eux. Ils oublient ce qu’il s’est fait dans le basket par le passé. Ce qu’il y a devant eux n’aurait pas pu être fait et considéré s’il y avait pas ce passé. Moi-même je suis étonné de revoir des flashs. Vous parlez d’un match et on se dit «  Ah ouai, celui-là, ah ce joueur ah oui ». Y en a qui connaissent pas. Mais en lisant cet article, ils se disent  « Ah » et ils vont commencer à chercher des infos. Votre site est un bon cours gratuit sur l’histoire du basket pour tous les basketteurs (rires).

Merci infiniment à Samuel Nadeau pour sa disponibilité et sa bonne humeur. 

Lien de la part 1 de l’interview

PETIT RAPPEL

Samuel Nadeau et Rouge Gazelle Éditions ont le plaisir de vous inviter à découvrir le livre« Rien que pour toi Maman » le dimanche 15 février 2015 à 17h au Palais des Sports Pierre Machon (93). La présentation commencera avec une séance dédicace qui aura lieu de 17h a 18h, puis sera précédée de la projection de deux clips vidéos et d’un temps de parole avec le public et la presse.

Montage Une : Clément Demontoux

Propos recueillis par Richard Sengmany

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Découvrant le basket dans les années 90 grâce à la diffusion des matchs NBA sur Canal+, je rédige depuis plus de dix ans des articles sur la balle orange, sur d'autres disciplines sportives et la culture.

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