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[ITW] – Vincent Cavelier – « Le village olympique, c’est une ville dans la ville »

Interview

Montage Une : Laurent Rullier pour Basket Retro

Vincent Cavelier est resté pendant plus de dix ans le médecin des équipes de France de basket. Parmi toutes les compétitions auxquelles il a participé, les Jeux Olympiques de Sydney ont une place à part. Non seulement pour la médaille d’argent remportée par les hommes, mais aussi pour l’ambiance particulière du village olympique. A quelques jours des J.O. 2024, plongée au cœur de Sydney avec des photos personnelles de Vincent Cavelier.

Basket Rétro : En tant que médecin de l’Equipe de France de basket, vous avez eu l’opportunité de suivre les Bleus pendant leur épopée de Sydney. Comment êtes-vous arrivé à ce poste prestigieux ?

Vincent Cavelier : C’est vraiment le hasard des rencontres et le jeu des opportunités. J’étais médecin généraliste dans la Loire et j’organisais tous les ans des « Journées de Médecine Générale du Sport ». Je faisais toujours un focus sur un sport avec médecins, kinés, membres de la Fédération de ce sport et si possible des athlètes pros. Inévitablement j’ai fait le basket et pour cette édition, j’ai invité Philippe Restout, qui était président de la commission médicale de la Fédération. A la fin du colloque, il me propose de suivre des équipes de France. J’ai été appelé une première fois sur l’équipe de France Cadettes lors d’un stage avec Lucien Legrand (alors directeur de Centre Fédéral). Un peu après, l’équipe de France A’ a été créée sous la direction de Jean-Pierre de Vincenzi. Un jour, je reçois un appel pour m’indiquer que le médecin des A’ a un empêchement de dernière minute et que Jean-Pierre n’a personne pour l’accompagner. J’ai accepté un peu à brûle-pourpoint. La première expérience a été une catastrophe, on s’est notamment fait voler notre bus. Mais, ça n’a pas empêché Jean-Pierre de prendre l’équipe A et je l’ai suivi dans l’aventure. Ma première compétition a été le Championnat d’Europe 1997 à Barcelone et tout s’est enchaîné, la qualification pour les Jeux et Sydney bien sûr. Je suis resté médecin des équipes de France de basket jusqu’en 2006. Date à laquelle j’ai complètement basculé dans la médecine du sport pour devenir médecin directeur national de la Fédération de Basket. Un poste qui ne me permettait plus d’être sur le terrain. Et puis en 2009, Clermont m’a appelé et j’ai rejoint le monde du rugby.

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Le staff français à Sydney (coachs, médecins et kinés) et Jim Bilba aux soins

BR : Parmi toutes les compétitions que vous avez suivies, pourquoi les Jeux Olympiques ont une saveur si particulière ?

VC : Dans les autres compétitions, nous n’étions qu’entre basketteurs. Là aux Jeux Olympiques, le truc énorme c’est que l’événement est multisports. Et tout se concentre sur le village olympique. C’est vraiment une ville dans la ville, où tous les athlètes se croisent. C’est un immense brassage de nationalités et de disciplines. Au self par exemple, pour que les sportifs ne soient pas trop dépaysés, il y avait un coin avec la nourriture européenne, un autre pour l’Afrique, l’Asie et ainsi de suite. Comme nous étions curieux avec les autres membres du staff, nous allions picorer un peu partout. C’est comme ça que je me suis retrouvé à manger à côté de Sergeï Bubka ou de Gustavo Kuerten. Un autre jour à la blanchisserie, je me suis retrouvé à faire la queue avec Haile Gebreselassie. C’est magique ! Et puis à l’époque, on ne réagissait pas selfie ou autographe, d’où l’atmosphère très détendue dans le village.

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Le staff médical au self du village

BR : Vous parlez d’ambiance dans le village, comment l’équipe de France gérait-elle cet environnement dans sa préparation ?

VC : C’est l’endroit idéal pour tous sportif de haut niveau. Pas d’alcool, pas de tabac, pas de fans, pas de médias. Le fait que le village olympique soit un endroit complètement clos, dédié aux athlètes, amène une sorte de quiétude. J’ai d’ailleurs une anecdote à ce sujet pour montrer à quel point le village était sécurisé. L’ancienne ministre des Sports, Marie-George Buffet s’était rendue à Sydney pour suivre les Jeux et elle a eu un problème oculaire. Le médecin accompagnant l’équipe de France de boxe était ophtalmologiste. L’équipe ministérielle a donc demandé une autorisation d’entrer dans le village. Autorisation qu’elle n’a jamais reçue. C’est le médecin qui a été obligé de sortir ! Mais, une fois sur place, l’ambiance était vraiment extraordinaire. Pour vous donner un autre exemple, le seul Français qualifié en badminton partageait notre résidence. Il a été éliminé le premier jour, mais il est resté jusqu’au bout uniquement pour profiter de l’atmosphère.

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L’entrée du village olympique de Sydney

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L’équipe de France féminine au village olympique

BR : Revenons un peu à la compétition. L’EDF est montée en puissance dans le tournoi, mais est-ce que ça parlait de médaille avant les Jeux ?

VC : Pas du tout ! Bien sûr, comme tout compétiteur, je pense que c’était présent dans un coin de leur tête. Nous avons fait un tournoi de préparation à Perth et Wollongong puis le début des phases de poule. Mais, c’est vraiment la défaite de la Yougoslavie lors du dernier match de poule contre le Canada qui nous ouvre une voie royale. Et après la victoire en quart, tout était possible.

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Laurent Sciarra et les Bleus dans l’attente de leur match

BR : Pourtant en quart de finale, Yann Bonato se rompt tendon d’Achille. Quel a été votre rôle en tant que médecin de l’équipe de France ?

VC : Yann a été extraordinaire. Quand il se rompt le tendon d’Achille, j’étais catastrophé pour lui. Mais, il me répond « Doc, c’est pas grave, ça fait partie du sport de haut niveau ». Donc, on l’a gardé deux ou trois jours avec nous pour organiser son rapatriement en France et son arrivée à Lyon, où il a été opéré. Et puis, après au sein du groupe, il y a eu ce fameux panneau  « pour Yann et pour les filles » qui nous a suivi jusqu’au bout.

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Les Bleus rendent hommage à Yann Bonato et l’équipe de France féminine

BR : En finale, la France revient à quatre points dans le money time. Comment avez-vous vécu ces derniers moments ?

VC : Il y avait de la nervosité à ce moment-là du match chez les Américains. Ils se sont mis à douter, d’autant que la Lituanie les avait déjà poussés à bout (victoire 85-83 en demi-finale). Mais, après la finale, c’est vraiment la joie qui prédominait. Juste avant la remise des médailles, les joueurs se sont pris par les épaules et ont chanté « Ah le petit vin blanc » en montant sur le podium.

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Dans l’attente de la remise des médailles

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La France sur la deuxième marche du podium

BR : La fête a été à la hauteur de l’exploit ?

VC : Malheureusement non, car nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour fêter la médaille. On l’a vraiment fêté au Lounge VIP de l’aéroport de Hong Kong, où nous avions fait escale. Pour l’occasion, nous avions tous enfilé des chapeaux traditionnels australiens. C’était l’un des derniers moments où toute l’équipe était réunie car à notre arrivée, les clubs ont rapidement demandé aux joueurs concernés de revenir. On a eu une brève réception chez Adidas Champs-Elysées le lendemain et c’est tout.

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Les intérieurs de l’équipe de France après la finale

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L’équipe de France lors de l’escale retour

About mosdehuh (38 Articles)
Tombé dans la NBA au début des 90's avec Penny Hardaway. Grosse passion pour les loosers magnifiques et les shooteurs. Supporter de la Chorale de Roanne depuis 3 générations.

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